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Stratégie protection de l’enfance : déception des professionnels

déception des professionnels de la protection enfance
Publié le 23/10/2019
Laetitia Delhon
Journaliste spécialisée dans le travail social et médico-social, la petite enfance et le handicap
À l’issue d’une concertation ayant suscité une forte attente, les représentants des assistants familiaux se disent déçus par des annonces floues, non contraignantes, et pour certaines déjà existantes.

Toute cette mobilisation pendant des mois pour… si peu regrettent les associations et syndicats représentant les assistants familiaux. «Il y a surtout des effets d’annonce sans détail sur les moyens qui seront donnés, constate Michelle Babin, présidente de la Fédération nationale des assistants familiaux (FNAF). La négociation nationale sur les conditions de travail : par qui, avec quels syndicats ? La formation, tout le monde est d’accord, mais là aussi par qui et avec quels moyens ? ».

Elle se dit par ailleurs « dépitée » qu’un chantier sur la présomption d’innocence en cas de dénonciation pour maltraitance ne soit pas contenu dans cette stratégie. « Nous ne sommes toujours pas entendus sur les points essentiels » déclare-t-elle.
 

Au bon vouloir des départements

« Nous sommes déçus par ces annonces très vagues après huit mois d’attente, de participation aux groupes de travail, de nombreux déplacements, regrette Sandra Onyszko, porte-parole de l’UFNAFAAM. D’autant plus que le pouvoir de décision ne sera donné qu’aux départements volontaires ».

« Dans ce qui été annoncé, nous voyons de bonnes intentions mais pas les perspectives, nous attendons donc des propositions concrètes » renchérit Marie-Noëlle Petitgas, co-présidente de l’ANAMAAF.

« Nous allons vers la mort des assistants familiaux, tranche Evelyne Arnaud, porte-parole du Syndicat des assistants familiaux (SAF-solidaires). La plus grande annonce de cette stratégie c’est qu’elle n’a rien de national, elle sera au bon vouloir des départements avec cette histoire de contractualisation avec l’État. C’est se moquer de nous ! On va être sur des guides de bonnes pratiques, point ».

Actes usuels, adoption simple, albums de vie : ces représentantes regrettent que ces sujets déjà sur la table depuis longtemps figurent comme des axes innovants d’une stratégie encore très imprécise quant à sa mise en œuvre. Et émettent des craintes quant à la promotion des nouveaux types d’accueil, comme les tiers dignes de confiance et autres lieux de vie, et à leur niveau de formation pour accueillir des jeunes parfois en situation de grande souffrance et de troubles psychiques.
 

Pas de pilotage

La Convention nationale des associations de protection de l’enfance (CNAPE) reconnaît que « ces annonces ont déjà été entendues et sont contenues dans les textes », mais estime qu’elles « sont marquées par une réelle volonté de mise en œuvre pour porter les efforts en amont, avant que le danger ne menace et n’atteigne les enfants ».

L’Uniopss reste plus circonspecte. « Quand près de 20 % des départements n’ont toujours pas mis en place le projet pour l’enfant (obligation légale), la généralisation de l’album de vie apparaît en décalage avec les réalités de terrain » relève-t-elle. La fédération regrette l’absence de réponse quant au pilotage de cette stratégie et regrette la politique de « contractualisation », relevant qu’une « amélioration du contrôle et un renforcement des sanctions envers les départements hors la loi, auraient, en ce sens, semblé plus pertinents ».