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« Les visites médicales peuvent commencer »

« Les visites médicales peuvent commencer »
Publié le 16/01/2025
Laetitia Delhon
Journaliste spécialisée dans le travail social et médico-social, la petite enfance et le handicap
Le Service de prévention et de santé au travail national (Spstn), lancé le 1er janvier 2025, est en état de marche affirme Eric Louche, directeur général. Si les visites médicales ne pourront pas être défrayées dans l’immédiat, les premières convocations vont être envoyées. Interview.

Le Spstn est officiellement lancé depuis le 1er janvier. Est-il toutefois opérationnel ?

Depuis fin décembre, le Spstn est prêt à fonctionner. Il a obtenu l’agrément lui ouvrant le droit d’assurer le suivi l’état de la santé des salariés de la branche. Le 2 janvier à 8h30, le centre de contact a donc ouvert et gère actuellement entre 100 et 150 appels par jour en moyenne, avec une équipe de neuf personnes, qui seront bientôt treize à quinze. Elles répondent aux demandes des particuliers employeurs – les deux tiers des appels – et des salariés qui souhaitent obtenir des informations, organiser une visite médicale, effectuer une visite de pré-reprise. Nous sommes en phase de démarrage, nous partons quasiment d'une page blanche. Nous avons dû créer un schéma directeur informatique, recruter des équipes, définir des règles de fonctionnement, des procédures et des protocoles. Actuellement nous testons les différentes briques de nos outils, nos logiciels et nos flux de communication afin d’être pleinement opérationnels. Mais les visites médicales peuvent commencer.
 

À ce jour le défraiement des visites n’est pas encore mis en place. Vous garantissez toutefois qu’elles peuvent démarrer ?

Nous avons bien conscience des discussions au sein de la branche à ce sujet et avons été informés du fait que l’opérateur de défraiement n’avait pas été retenu à la date du démarrage du Spstn. Nous avons toutefois eu à coeur de répondre à nos obligations. Le Spstn, qui est là pour assurer la prévention et la sécurité au travail d'un million 240 000 salariés, ne pouvait pas se permettre de retarder sa mission. Nous allons donc envoyer dans les jours qui viennent les premières convocations pour les visites médicales des salariés. Au verso de ces convocations, nous avons ajouté une information précisant que l'Apni (ndlr : l’association paritaire de la branche) est l’opérateur en charge du défraiement et qu’elle reviendra prochainement vers le salarié pour le défrayer du temps ou du coût lié à son déplacement pour la visite médicale. Il est de ma responsabilité, en tant que directeur du Spstn, de bien informer les salariés.

Donc les visites médicales peuvent avoir lieu mais les frais seront remboursés ultérieurement aux salariés ?

Exactement, il faudra probablement user d’un peu de patience sur les délais de remboursement du forfait en lien avec le défraiement. Étant entendu que, bien évidemment, nous communiquerons à l'Apni tous les éléments qui lui permettront de revenir vers le salarié pour pouvoir opérer le défraiement. Le Spstn se chargera de communiquer le nom, le prénom, le type de visite et la date de visite, l'email ou l'adresse postale du salarié.
 

Comment va se développer ensuite le Spstn ?

À partir de cet été, et pendant deux ans, notre objectif est de nous déployer dans les territoires, puis d'aller vers les salariés pour organiser leur visite d'embauche, de reprise, de pré-reprise à leur demande. Le Spstn est un service à compétence nationale, avec 18 régions à couvrir. Nous avons déjà contacté l'ensemble des services de prévention et de santé au travail qui disposent d'un agrément leur permettant de d’intervenir auprès des salariés de la branche. Nous souhaitions savoir dans quelle mesure ils pourraient assurer une visite en présentiel, dans des cas particuliers. Par exemple, un salarié empêché pour des raisons informatiques, ou, si selon le médecin de santé au travail, l’état de santé du salarié le nécessite. Nous sommes pour cela en discussion avec une cinquantaine des 160 services de France en vue de conventionner et d'avoir un réseau de partenaires à proximité du domicile ou du lieu du travail du salarié qui puissent réaliser une visite en présentiel.
 

C’est un gros défi alors que le système de santé au travail connaît d’importantes difficultés ?

Actuellement le Spstn, c’est 43 personnes. À terme, nous serons 300 équivalents temps plein (ETP) et deviendrons le plus gros service de prévention et de santé au travail en nombre de salariés suivis. Il va falloir recruter des infirmiers de santé au travail, des ergonomes, des médecins du travail, dans un environnement de travail très contraint, où la pénurie est présente. Je viens du secteur sanitaire, je connais cette problématique. Le Spstn fera tout son possible pour apporter une réponse aux salariés, qu'elle soit en distanciel ou en présentiel. J'invite toutes les assistantes maternelles qui souhaitent rentrer en contact avec le Spstn à le faire et à ne pas se restreindre. Le Spstn mettra plusieurs années à fonctionner pleinement, mais nous sommes très engagés pour y parvenir.